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SOUVENIRS

Hélas ! mon Dieu ! quand ces méchantes gens, vingt ans plus tard, ont incendié mes admirables charpentes et déraciné mes belles tours angevines, ils ont pioché huit mois durant et n’ont rien trouvé du tout, sinon des eaux souterraines et la fièvre quarte. J’oubliais de vous dire encore une citerne remplie de carcasses et de têtes de morts, lesquelles avaient chacune un clou de fer énorme enfoncé dans le haut du crâne ; et c’était un supplice à la mode angevine, à ce qu’il paraît.

Tout ceci n’est pas hors de propos à l’occasion des Caylus, car ils avaient fait dévaster leur château de Pestels, berceau de leur famille, l’oncle pour y chercher des médailles romaines, et le neveu pour obéir à je ne sais quelle indication de son démon familier. C’était, ce me semble, un manuscrit dans une cassette.

La Duchesse de Gèvres a toujours été dévote et curieuse ; elle était surtout préoccupée de son trésor du Plessis-Bertrand, mais la négociation fut longue et difficile, attendu que M. de Caylus exigeait préliminairement qu’elle se voulût soumettre à certaines pratiques et cérémonies d’initiation qui répugnaient à sa conscience. On n’avait droit à faire une évocation qu’après son affiliation, disait-il. — Alors je ne verrai jamais Bertrand du Guesclin, répondait-elle ; et la chose en restait là pour le moment.

C’était toujours M. de Caylus qui revenait à la charge ; et je n’aurais jamais compris que les Balsamites attachassent tant d’importance à s’affilier Mme de Gèvres, si ce n’était à cause de sa fortune