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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Pinto d’Afonséca, mais il était fils légitime et digne héritier d’un avocat de Messine, appelé Marco Balsamo, lequel avait été repris de justice en 1748, parce qu’il avait extorqué 80 onces d’or au Prince de Moliterne, en lui promettant de lui faire découvrir et de lui livrer un trésor enfoui sous une pyramide et sous la garde des génies infernaux. Ce fut l’inquisition qui lui fit son procès, dont le Marquis d’Ossun me rapporta les pièces, à Paris, en revenant de son ambassade à Naples. C’était une marque de souvenir que voulut me donner notre ancien ami, le Cardinal d’Aquaviva.

On n’a jamais rien appris de certain sur les premières années de ce thaumaturge, et l’ouvrage qu’on a publié sous le titre d’Histoire de Cagliostro n’est qu’un pamphlet sans consistance. Il avait d’abord habité Paris sous le nom de Comte Tischio ; il fut compromis dans les premières poursuites de M. du Châtel, héritier de Mme d’Urfé, contre l’italien Casanova, ce qui les força d’abandonner la France, et ce fut à l’époque de son retour d’Allemagne, au bout de quatre à cinq ans, qu’on entendit parler pour la première fois du Comte de Cagliostro, qui venait de faire des libéralités magnifiques et d’opérer des guérisons merveilleuses a l’hôpital de Strasbourg. Pour vous donner une idée de l’enthousiasme qu’il inspirait, je vous rapporterai d’abord une lettre du Prince Louis, depuis Cardinal de Rohan, qui me le recommandait en ces termes :


« Vous avez sans doute, Madame et chère cousine, entendu parler du Comte de Cagliostro, des excel-