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SOUVENIRS

— Monseigneur, il n’y a rien, il n’y a rien du tout, si ce n’est un bœuf avec des conserves et des fruits secs, et quelques légumes.

— Eh bien ! c’est plus qu’il n’en faut pour donner le plus joli souper du monde !

— Mais, Monseigneur, on ne pourra jamais…

— Allons donc ! vous ne pourriez jamais ?

— Rullières, écrivez le menu que je vas vous dicter pour mâcher la besogne à ces ahuris de Chaillot. Savez-vous comment on écrit le tableau d’un menu, Rullières ?… Allons, donnez-moi votre place et votre plume. Et voilà notre généralissime qui s’assied à la table de son secrétaire, où il improvise au bout de la plume un souper classique, un menu qui fut recueilli dans la collection des la Poupelinière, et voici comment il est inscrit dans les Nouvelle à la main :


MENU D’UN EXCELLENT SOUPER TOUT EN BŒUF.

dormant.

Le grand plateau de vermeil avec la figure équestre du Roi.

Les statues de Du Guesclin, de Dunois, de Bayard et de Turenne.
Ma vaisselle de vermeil avec les armes en relief émaillé.

premier service.

Une ouille à la Garbure gratinée au consommé de bœuf.

Quatre hors-d’œuvre.

Palais de notre bœuf à la Sainte-Menehould        Les rognons de ce bœuf à l’oignon frit.
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Petits pâtés de hachis de filet de bœuf à la ciboulette       Gras-double à la poulette au jus de limon.