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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/166

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SOUVENIRS

fidèle serviteur Victor du Muy, afin que si vous me destinez à porter le fardeau de cette couronne ou si vous y destinez mon fils Louis-Auguste, Victor du Muy puisse nous assister et nous soutenir par ses conseils et l’exemple de ses vertus.

Ainsi-soit-il. »


M. le Dauphin m’a raconté qu’en l’année 1764 il était allé chasser au vautrait, dans la forêt de Compiègne, et qu’en étant sorti pour forcer la bête, il se trouva tout seul, et s’égara dans les environs du château de Mouchy, lequel appartenait au Duc de Gramont. Personne ne voyait et n’avait aperçu le Duc de Gramont depuis son mariage, et surtout depuis sa rupture avec sa femme ; ils s’attribuaient des torts mutuels et se faisaient des reproches que l’on disait assez mérités de part et d’autre ; mais il faut avouer que les griefs de la Duchesse de Gramont contre son mari étaient de la nature la plus grave, ce qui n’empêchait pas que toute la cour ne prît parti pour M. de Gramont contre sa femme, attendu qu’elle était la sœur du Duc de Choiseul.

— Conseillez-moi donc, me disait-elle un jour, et dites-moi ce que je pourrais opposer à des calomnies affreuses…

— Il faudrait, lui dis-je en l’interrompant, que vous fissiez augmenter l’effectif et les cadres de l’armée française, de manière à quadrupler le nombre des régimens de cavalerie : votre frère aurait à distribuer des brevets de colonel à profusion, sans compter des emplois d’officier-général et des grand-