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SOUVENIRS

forces en disant que c’était le Comte de Gramont-Louvigny, son arrière-grand-oncle, lequel avait la manie de se croire et de se dire le Maréchal de Monchy-d’Hocquincourt, sans compter qu’il avait l’inconvénient d’allumer des incendies pour peu qu’il eût à sa disposition du feu, des combustibles, ou seulement de la lumière.

— Au moins, devriez-vous l’abriter dans une pièce chauffée par un poêle, répliqua M. le Dauphin.

— Monseigneur, c’est qu’il n’y a de poêle ici que dans la salle à manger…

— Vous pourrez dîner et souper dans une autre chambre, en attendant que vous ayez fait ajuster un ou deux conduite de chaleur à son appartement. Il est centenaire, il est millionnaire, et vous êtes son curateur et son héritier : tâchez de vous arranger de manière à ce qu’il ne meure pas de froid… M. de Louvigny, reprit S. A. R., nous allons descendre ensemble, afin de vous installer dans la salle à manger du château.

— Mais, lui répliqua notre maniaque, si vous ne voulez pas convenir que je sois le Maréchal d’Hocquincourt, et si vous ne m’appelez pas mon Cousin, je ne vous reconnaîtrai pas non plus pour être le Dauphin de Viennois, Duc de Champsaur et Comte d’Albon. Je ne veux sortir d’ici qu’à la suite de mon portrait, parce que mon petit-fils de Gramont, qui est un dénaturé, ne manquerait pas d’y faire effacer mon bâton de Maréchal de France et mon collier de l’ordre du Roi, ce qui fait que je ne veux pas le perdre de vue. M. le Dauphin lui dit ; — Laissez-