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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/185

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

torières était donc allé magnétiser et fasciner tous les conseillers auliques de l’Empereur, dont il avait obtenu des sentences inimaginables et des choses inouies. — C’est comme le serpent du paradis terrestre, avait dit M. de Beaumont (l’Archevêque), et s’il a jamais une affaire à l’Officialité de Paris, je le ferai masquer d’un capuce avec un sarreau comme un pénitent noir. Au demeurant, comme il était d’un honneur délicat, et qu’il avait de la discrétion, vous pourriez imaginer les succès qu’il obtenait dans

    Écuyer, Seigneur d’Olbreuse, au Comté de Poitou et de la Mégaudais en Saintonge, laquelle avait épousé Georges-Guillaume, Prince de Brunswyck à Zell, Calemberg et Grubenhagen ; ils ne laissèrent pas d’autre enfant que Sophie-Dorothée de Brunswyck-Zell, mariée premièrement à son oncle, le Duc Auguste de Brunswyck-Welfembuttel, et en secondes noces à son cousin germain, le Roi d’Angleterre Georges Ier de Brunswyck, alors Prince Électoral d’Hanovre. Elle avait été séparée de lui par une sentence de divorce, en vertu de laquelle on l’avait claquemurée dans un château fort du pays de Brunswyck, où son mari l’a fait retenir en prison pendant 33 ans, c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie. C’était à propos d’une supposition de galanterie avec un jeune Seigneur appelé M. de Kœnigsmarck, lequel avait été tué de la propre main de l’Électeur d’Hanovre, dans l’appartement de sa belle-fille. Elle n’était alors que dans sa quinzième année, et l’on n’a jamais cru qu’elle ait été accusée ni condamnée justement. Le Maréchal de Tessé, mon oncle, était convaincu de ce qu’on avait sacrifié cette malheureuse enfant à l’espoir de faire un mariage plus profitable. Mme sa mère (née d’Esmiers d’Olbreuse), avait fini par être créée Princesse de Harbourg-sur-l’Elbe, au moyen d’un diplôme de l’Empereur, qui lui fit payer ce carré de parchemin quatre cent mille livres. Elle est morte à Gœttingue en 1722, âgée de 83 ans. Il paraît qu’elle avait légué cinquante mille florins d’Empire à la mère de M. de Létorières, qui était sa sœur utérine.

    (Note de l’Auteur.)