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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/191

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

néfices et qui décidait équitablement sur cette matière, assez souvent mal administrée jusqu’à lui. Il m’écrivit une fois (l’Évêque de Xaintes) que ce pauvre garçon venait de mourir de la façon la plus étrange et par gageure, en bravade, et pour avoir été défié d’aller, sans lumière, enfoncer un clou dans le cercueil d’un vieux théologien qu’on avait déposé dans une salle basse en attendant qu’on achevât ses funérailles. Quand il eut accepté ce joli cartel, où trois quarts de pistole avaient été mis à l’enjeu, ses amis l’introduisirent dans cette grande salle et l’y renfermèrent ; il tâtonne, il martelle, et quand il a terminé son bel ouvrage, il se sent arrêté, retenu fortement, et comme empoigné par un pan de sa légatine (on la trouva clouée sur la bière). Mortuus vivum apprehendit ! Il se crut saisi par le mort, et, plus mort que vif, il en resta saisi d’un transport au cerveau, qui l’emporta deux jours après. C’était, du reste, un aimable enfant, lequel aurait eu beaucoup de ressemblance avec son oncle : ainsi, j’ai rendu grâces à Dieu de ce qu’il ne l’avait pas laisser vivre assez d’années pour courir les mêmes chances que M. le Charmant. — La beauté dans la pauvreté… J’en ai toujours si grand’peur et si grand’pitié, que j’en suis toujours navrée ! Jugez de ce que la légèreté de caractère et la déraison de mon protégé m’auraient fait souffrit pendant sa jeunesse et dans sa profession ?

J.-J. Rousseau disait à M. Dupin de Chenonceaux, qui menuisait et coignait sans paix ni trève, au point d’en raboter et marteler quelquefois pendant la nuit. — Monsieur, la moralité de cette