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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

« Beaucoup de gens connaissent le monde entier, à l’exception de leur pays. Je ne voulus pas qu’on eût à me reprocher un pareil travers, et je commençai par visiter les merveilles que la nature a répandues dans notre île avec profusion. Au lieu de suivre la côte de Palerme à Messine, je passai par Castra-Nuovo, Colsonizese, et j’arrivai au pied de l’Etna à un village dont j’ai oublié le nom. Là je me préparai au voyage de la montagne et je me proposai d’y consacrer à peu près un mois. Pendant ce temps-là je fus occupé principalement de plusieurs expériences sur le baromètre et l’hygromètre. La nuit j’observais les astres, et j’eus la satisfaction de découvrir une petite étoile qui n’était pas visible à notre observatoire de Palerme, attendu qu’elle s’y trouvait au-dessous de l’horizon.

« Ce fut avec un véritable regret que je quittai ces hauts lieux, où je croyais en quelque sorte participer à l’harmonie des corps célestes dont j’avais si souvent observé la marche et médité les lois. Du reste il est certain que l’air subtil et raréfié des hautes régions agit sur nous d’une manière aussi agréable que salutaire, en rendant les pulsations plus fréquentes et le jeu des muscles pectoraux plus facile : enfin je quittai la montagne et je descendis du côté de Catane.

« Cette ville est habitée par une noblesse un peu moins illustre, mais beaucoup plus instruite que celle de Palerme. Ce n’est pas toutefois que les sciences