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SOUVENIRS

proprement dites eussent beaucoup plus d’amateurs à Catane que dans le reste de notre île, mais du moins on s’y montrait occupé des arts et des antiquités qu’on obtenait au moyen des fouilles : en outre l’histoire des peuples anciens qui ont habité la Sicile y fournissait matière à dissertation, et c’était là, je vous assure, un passe-temps bien agréable pour moi. On venait précisément de découvrir, à la profondeur de cent vingt pieds sous terre, un morceau de basalte chargé de caractères inconnus. Après avoir examiné cette inscription, je jugeai qu’elle devait être en langue punique, et le chaldéen, que je ne sais pas mal, me mit à lieu de l’expliquer de manière à satisfaire les plus exigeans. C’est un succès qui m’attira les prévenances et les propositions les plus aimables ; les principaux citoyens de Catane essayèrent de m’y retenir par des offres et des assurances de fortune infiniment séduisantes. Mais j’avais quitté Palerme avec d’autres intentions, et je pris bientôt la route de Messine. Cette ville, fameuse par l’opulence de ses habitans, me retint une semaine entière, après laquelle je passai le détroit et j’abordai à Reggio.

« Jusque-là mon voyage n’avait été qu’une partie de plaisir, mais à Reggio l’entreprise devint plus sérieuse ; un fameux bandit, nommé Zambucco, désolait la Calabre, et la mer était couverte de pirates tripolitains. Je ne savais absolument comment faire pour arriver à Naples, et si je n’avais été retenu par je ne sais quelle mauvaise honte, j’aurais bien pu me