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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Tout à coup je crois entrevoir des flambeaux errans dans le fond de la vallée, j’entends des cris, je suppose que ce sont mes gens ; j’appelle, on me répond, et bientôt après je vois arriver un jeune homme de fort bonne mine, lequel était suivi de plusieurs valets, dont les uns portaient des flambeaux et les autres des paquets qui semblaient contenir des habits.

Le jeune homme me salua respectueusement en me disant : — « Signor Dottore, nous appartenons à l’Illustrissima Principessa di Monte-Salerno. Le guide que vous avez pris à Monte-Brugio nous a dit que vous étiez égaré dans les montagnes ; nous vous cherchons par ordre de la Princesse. Prenez ces vêtemens, je vous supplie, et suivez-nous au château. »

— Comment cela ? répondis-je, est-ce que vous voudriez me faire passer la nuit au milieu des décombres et sous les voûtes ruinées de ce grand château qui est sur le sommet de la montagne ?…

— « Rassurez-vous, Docteur Romati, reprit le jeune homme en souriant, vous allez voir un palais superbe.

« Je pensai que quelque princesse napolitaine avait apparemment son habitation dans le voisinage ; je changeai d’habits et je suivis le guide qui m’était envoyé.

« Je me trouvai bientôt devant un portique de marbres variés, dont l’architecture me parut être dans le style du Bramante, mais comme les flam-