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SOUVENIRS

beaux n’éclairaient pas le reste de l’édifice, je ne saurais vous en faire aucune description. Le jeune homme me quitta au pied d’un escalier magnifique, et lorsque j’en eus monté la première rampe, j’y trouvai une jeune femme de la figure la plus remarquable. « Seigneur Romati, me dit-elle avec un air infiniment poli, Madame la Princesse de Monte-Salerno m’a chargée de vous faire les honneurs de cette maison. »

« Je lui répondis que, si l’on pouvait juger d’une Princesse par sa Dame d’honneur, on devait avoir de cette illustrissime une idée prodigieusement agréable.

« Cette femme était en effet d’une beauté parfaite, il y avait dans ses manières et sa physionomie un certain mélange de simplicité, de grands airs naturels et de sécurité fière qui m’avaient fait augurer au premier abord que ce devait être la Princesse elle-même. Je remarquai qu’elle était à peu près vêtue comme dans les portraits du XVIème siècle, mais j’imaginai que c’était là le costume des dames napolitaines ; un philosophe italien m’avait appris qu’en fait de costume, il n’y a jamais rien de nouveau que ce qui a été oublié, et j’en conclus que les élégantes de Naples avaient repris les anciennes modes.

« Nous traversâmes d’abord un vestibule qui me parut dans les proportions et de la décoration les plus grandioses ; mais tout ce qu’il me fut loisible d’y remarquer, c’étaient des colonnes et des pilastres d’un