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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

qu’au centre de cette mosaïque, on croyait voir un écrin rempli de toutes les pierres précieuses appelées pierres de couleur, et garni de plusieurs fils de perles : le tout paraissait être en relief et réel ainsi que dans les plus belles tables du palais Pitti.

— Docteur Romati, me dit la dame, si vous vous arrêtez à toutes les cornalines et les tourmalines de ce pavé, nous n’en finirons jamais.

Mes yeux se portèrent alors sur un tableau qui représentait Hercule aux pieds d’Omphale. La figure de l’Hercule était assurément de Michel-Ange, et dans celle de la femme il était impossible de ne pas reconnaître le pinceau de Raphaël. Chacun des autres tableaux du même salon me sembla beaucoup plus remarquable et plus parfait que tous les chefs-d’œuvre que j’eusse le plus admiré jusque-là. La tapisserie de tenture était en velours mordoré, et sa couleur d’un pourpre sombre faisait ressortir les peintures avec autant d’éclat que d’agrément. Je me trouvai dans un état voisin de l’extase en considérant les statues antiques qui décoraient les angles de cette admirable salle. L’une était assurément, le célèbre Cupidon de Phidias, dont Pythagore avait conseillé la destruction ; une autre était le Faune du même artiste ; la troisième était la véritable Vénus de Praxitèle, dont celle de Médicis n’est qu’une copie ; enfin, la quatrième était cette figure de Ganimède, provenue des fouilles de Salerne, et qu’on voit à présent au palais Cesarini. Tout à l’entour du salon,