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SOUVENIRS

j’aperçus des meubles de France en marqueterie de Boulle, mais au lieu d’être montés en bronze, ils étaient garnis d’un beau travail des Indes en filigrane d’or, enrichi de camées antiques. Ces cabinets contenaient une suite de médailles en or du plus grand module ; plusieurs caissons renfermaient une collection de pierres gravées, des bijoux romains, des joyaux du moyen-âge et des manuscrits gothiques de la plus haute curiosité[1].

— C’est ici que la Princesse aime à passer ses soirées, reprit la Cicerona, et cette collection fournit une ample matière à des entretiens fort intéressans.

— « Voici la chambre à coucher de Madame la Princesse, ajouta-t-elle avec un air de simplicité qui n’était pas exempt d’affectation. »

La forme de cette chambre était octogone. Il s’y trouvait quatre alcoves avec autant de lits très larges. On n’y voyait ni lambris, ni plafond, et tout s’y trouvait élégamment recouvert et ajusté par des draperies de mousseline des Indes d’une telle finesse, qu’on aurait dit mythologiquement un léger brouillard que la main d’Arachné aurait voulu retenir dans une broderie.

— Pourquoi quatre lits ? demandai-je à ma conductrice.

  1. Palais royal de Saxe, palais grand-ducal à Florence, de Stupinis en Piémont, de Caserte à Naples, de St.-Ildefonse en Espagne, etc.