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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

— C’est apparemment, répondit-elle, afin d’en pouvoir changer lorsqu’ils se trouvent échauffés et qu’on n’y saurait dormir.

— Mais pourquoi ces lits sont-ils si larges ?…

— C’est, répliqua négligemment la dame, parce que la Princesse y fait quelquefois entrer ses femmes pour causer avec elle, avant de s’endormir ; mais passons dans la salle de bain.

C’était une rotonde dont tous les panneaux étaient revêtis de nacre avec des bordures en burgau magellanique. La corniche et les moulures étaient formées de coquillages éclatans, entremêlés avec des branches de corail et des stalagmites aussi blanches que l’albâtre. La frise étaient marquée par une ceinture de madrépores, et c’étaient bien les plus striés, les mieux ramifiés, les plus ombelliformes, enfin les plus parfaits madrépores que j’eusse vus de ma vie. Il est à remarquer que cette même salle ne recevait la lumière du jour que par le milieu du plafond dont l’ouverture était remplie par une immense coupe de verre à travers laquelle on voyait manœuvrer des poissons dorés de la Chine. Enfin il y avait au centre de la salle, au lieu de baignoire, un bassin circulaire autour duquel on voyait rangées, sur un cercle de mousses de mer, les plus belles coquilles de l’Océan, des prismes d’aigue-marine, des mammellons d’ambre et des coraux sanguins ou panachés de toutes les variétés[1].

  1. Villa Connétable à Palestrine.