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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/217

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

« La Marquise de Spinaverde parut enchantée de ma résolution. Elle saisit cette occasion-là pour me faire connaître les avantages et les agrémens de l’indépendance, et je compris facilement tout ce que j’aurais à perdre en me donnant un maître.

« Quelque temps après, le même Vice-Roi vint encore me voir, accompagné de l’ambassadeur impérial, ainsi que du Prince Régnant de Gorich et Crüghuiemworst. C’était un souverain dont les États sont imperceptibles sur les cartes de Germanie ; mais son contingent pour les armées de l’empire était pourtant d’un homme et un quart. Il était de sa personne, grand, gros et gras ; blanc, blond et blafard. Il voulut m’entretenir des Seigneuries Immédiates et des Majorats qu’il possédait dans les états héréditaires d’Autriche ; mais en parlant Italien, il avait l’accent du Tyrol ; et tout en le contredisant, je l’assurai que son absence devait être un sujet d’inquiétude et d’affliction pour tous les féaux sujets qu’il avait en Carynthie ! Il s’en alla fort en colère : la Spinaverde m’accabla de caresses et de félicitations ; enfin, pour me retenir plus facilement à Monte-Salerno, elle a fait dégarnir mon palais de Naples et fait ajuster ici les belles choses que vous y voyez.

— Oh ! m’écriai-je, elle a parfaitement réussi, Madame, et ce beau lieu doit être appelé le Paradis sur la terre !

Pour cette fois, la Princesse se leva brusquement