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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/24

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SOUVENIRS

parce que la chose avait eu lieu pendant trois cent quarante ans sans contestation et sans interruption connue. — Mon Dieu, mon Dieu ! la même pièce héraldique que nous avec les mêmes couleurs que nous ! C’est-il possible et c’est-il permis ! s’écriait ma belle-fille en gémissant. Il me semble que si le créquier de ces Lejeune avait été d’argent sur un fond noir, ou s’il avait eu la tête en bas, j’en aurais pris mon parti. — Allons donc, Marquise ! un créquier la tête en bas, répondait mon fils, c’est une idée qui me paraît atroce ; il me semble que je me verrais pendu par les pieds.

En fait de sensibilité sur le fait des armoiries, il faut que je vous parle de la Marquise de Lhospital (Élisabeth de Boullogne. Elle était fille du Contrôleur-général et non pas du Boullogne des parties casuelles). Elle ne pouvait séparer l’idée d’une personne de celle de ses armoiries. — Mlle de Goulaine n’est pas belle et n’est pas riche, me dit-elle un jour, mais en revanche elle apporte ses armes en dot, et quelles armes ! Le droit de les porter vaut au moins de quatre à cinq millions ; je n’en dis pas trop !… Vous serez un peu moins surpris lorsque vous saurez que ces armes de la maison de Goulaine sont mi-parties de France et d’Angleterre, par concession de ces deux couronnes, en suite et récompense d’un arbitrage entre elles et d’un traité de paix qui furent conclus et signés par un Sire de Goulaine en 1323. Les héritiers de cet illustre négociateur sont au nombre de ces nobles gens qui vivent dans leurs terres et qui ne reviennent jamais à Versailles après la cérémonie de leur présentation. On trouve dans toutes nos pro-