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SOUVENIRS

à ce Genevois, je me décide pour l’historique de ses démêlés fiscaux avec M. de Lauraguais.

Le Duc de Brancas, son triste père, avait trouvé bon de composer avec le contrôleur-général au sujet d’une action de retrait que celui-ci prétendait exercer au nom de S. M. sur le comté de Lauraguais, engagé pour une misérable somme de deux cent mille livres, et nonobstant les clauses de substitution où ce domaine se trouvait assujetti. C’était un acte de fiscalité judaïque ; mais, pour en déguiser l’âpreté, M. Necker avait imaginé d’en écrire au Comte de Lauraguais ; et voici la copie de sa lettre, qui n’est guère moins ridicule que son épitre à M. Bouzard.

« Monsieur le Comte,

« Je crois devoir vous prévenir que l’intention du Roi est de rentrer en possession du domaine de Lauraguais, engagé par contrat du 21 octobre 1726 pour la somme de 195,600 liv.

« La conservation des droits du domaine de la couronne, contestés pour la plupart à M. le Duc de Brancas, les procès qu’il a soutenus à cet égard, et les difficultés qu’éprouve au parlement de Toulouse l’enregistrement des lettres-patentes relatives au droit des Leudes, sont la base des motifs qui ont déterminé cette résolution.

« J’aurai soin que les droits de la substitution qui vous concerne soient conservés, et que l’emploi des deniers qui en sont l’objet soit fait d’une manière convenable.

« J’ai l’honneur d’être, etc.

« Necker. »


M. de Lauraguais prit sa plume (qui n’était pas