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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

mal affilée d’habitude), et voici la réponse qu’il fit à M. Necker.


« Je ne vous fais ni ne vous ferai aucun remerciement, Monsieur, sur les peines que vous voulez bien prendre pour débarrasser mon père des procès et des embarras qu’entraînent toujours les grandes proprétés, non plus que des soins que vous me promettez pour veiller à la conservation des droits de la substitution à laquelle je suis appelé, en faisant vous-même, d’une manière convenable, l’emploi des deniers qui en sont l’objet. Je devais compter sur vos bons procédés, et même sur votre reconnaissance, à cause de la manière dont j’ai parlé de vous pendant tout l’hiver dernier ; j’ai mérité l’empressement que vous me témoignez, autant que je l’ai pu, et néanmoins je refuse absolument vos services. Ce serait vous compromettre imprudemment que de ne pas s’opposer à vous faire brusquer et vous laisser immoler la grande question des domaines, pour éviter à mon père quelques embarras contentieux, et pour me laisser une substitution plus claire et plus nette. C’est un reproche que je n’aurai certainement pas à me faire. Ce que vous entreprenez ébranle tous les principes de la législation, et j’ai trop ouï dire à tous les gens du conseil de S. M. que vous ne saviez et n’entendiez pas un mot d’administration pour ne pas appréhender d’exciter des clabauderies contre le généreux citoyen de Genève qui veut bien se mêler des affaires du royaume et des miennes avec tant de gratuité. Ainsi, Monsieur, je vais avoir l’honneur d’écrire à M. le Comte de Maurepas, et je vais ordonner à mon avocat au conseil de s’opposer, autant que possible, à toutes les marques de bonté dont vous voulez m’accabler.

« Brancas-lauraguais. »