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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/193

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

pas du tout sortir de leur cachette. Il est à savoir que cet évêque du Champ-de-Mars inspirait si peu de confiance et avait conservé si peu de crédit sur la conduite politique et les opinions religieuses de ses diocésains, que sa cathédrale était restée, depuis la cérémonie fédérative et tricolore du 14 juillet, absolument sans clergé, sans chanoines et sans lutrin, sans enfans de chœur, sans organiste et même sans donneux d’eau bénite. On n’en avait pu trouver dans le pays.

Cependant le tumulte augmentait de la manière la plus effrayante ; il était question de briser les grilles, et les valets vinrent dire à leur maître (au travers de la porte) que tout le peuple de la ville et les paysans d’alentour, car c’était un jour de marché, étaient dans la ferme résolution de parler à Monseigneur, à qui, du reste, ils ne voulaient faire aucun mal, car c’était pour lui demander, à défaut d’autre officiant, puisque toutes les églises de la ville étaient devenues veuves, le secours de son ministère pour exorciser un possédé du diable, un meneux d’loups du Morvan (sorte de vampire). Il était à redouter que ces Bourguignons ne se portassent aux dernières extrémités contre le prétendu maléficier et contre les domestiques de l’Évêché, qu’ils accusaient injustement de ne pas faire parvenir leur requête à Monseigneur. Les bourgeois et les villageois de l’ancien Augustodunum ont toujours eu beaucoup de rapports avec cette peuplade de la Béotie, dont la moitié de la population se croyait sorcière, et dont l’autre moitié se croyait ensorcelée. L’Abbé Goutte alla regarder par une lucarne, et vit au milieu de