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SOUVENIRS

d’Usez, de Montauzier, de St-Sulpice, de Florensac et d’Amboise ; mais le côté des Molé faisait peine à voir. On y trouvait des femmes de la chambre des comptes et des conseillères aux enquêtes et requêtes du Palais, qui avaient des figures inimaginables. On n’y savait le nom de personne, et chacun se regardait en souriant.

On aperçut pourtant M. d’Hérouville qui se tenait auprès d’une belle personne fort parée, et tout aussitôt qu’on eût appris que c’était sa femme, il y en eut une insurrection générale dans le quartier des Crussol. Les Duchesses d’Usez, de la Vallière et de Chastillon se levèrent, saluèrent et s’en allèrent sans rien dire ; Mme de Coislin se mit à crier en s’enfuyant, Mme de Beauvau s’esquiva, Mme de Rohan s’enfuirent, et cette vilaine Mise de Puysieulx trouva moyen d’ajuster un coup de pied sur la petite chienne de Mme Molé (qu’elle appela Lolotte) en lui disant qu’elle eût à se retirer du passage et s’aller cacher derrière tout le monde, en ajoutant que les animaux de cette espèce-là se fourrent partout !

Ce qu’il arriva de plus désappointant pour la maîtresse du logis, ce fut qu’en voyant cette émigration des grandes dames, toutes ces femmes de robe imaginèrent que ce devait être l’usage de la cour, et qu’elles se mirent à défiler à la queue-lou-lou révérencieusement et silencieusement, devant la Présidente Molé qui ne savait que devenir. On parla rudement de cette Présidente, et ce n’était pas sans raison ; mais ce qui fut universellement et principalement blâmé, ce fut cette méchanceté de Mme de Puy-