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LES ORIGINES

Puis, à côté de ces hymnes, et probablement sous leur influence, ont dû naître des récits héroïques, qui retraçaient les origines des familles princières et des tribus, les généalogies des héros, leurs principales actions, les fondations des villes, leurs alliances et leurs guerres. Ces récits étaient déjà de l’épopée, mais de l’épopée élémentaire et diffuse encore, qui, sans doute, ignorant les longs développements, les tableaux, la peinture détaillée des sentiments, s’en tenait à une narration naïve, sans détours et sans ampleur.

Hymnes et récits, toutes ces compositions primitives étaient en un langage qui, par la force des choses, a dû prendre rapidement un caractère à demi conventionnel, soit parce que la poésie restait plus attachée que le parler courant aux formes anciennes, soit parce qu’elle visait instinctivement à une certaine noblesse. Elles étaient toutes en vers : car la versification, chez tous les peuples, est, par une sorte de nécessité, la première forme de l’art littéraire. Cette versification avait été créée par la mélodie et le rythme du chant, dont la poésie alors ne se séparait pas. Quelles qu’en fussent les règles précises et quels qu’en aient été les états successifs, c’est d’elle qu’est né l’hexamètre homérique. Le chant était accompagné d’un instrument à corde, très simple, qui eut d’abord quatre notes seulement, puis sept : c’était la phorminx ou cithare, dont on attribuait l’invention à Hermès, bien que l’instrument lui-même appartînt à Apollon.

5. Autres formes de poésie. — Origines du lyrisme. — À côté de cette poésie héroïque et hiératique, il n’est pas douteux que l’instinct populaire n’eût aussi ébauché, dès ces temps reculés, d’autres sortes de chants appropriés à certaines circonstances de la vie domestique. La plus ancienne épopée atteste l’existence de lamentations funèbres ou thrènes (θρῆνοι), de chants nuptiaux ou hyménées (ὑμέναιοι), de chants d’actions de grâces ou péans (παιᾶνες) et aussi de