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L’ILIADE ET L’ODYSSÉE

à la nature même des sujets, qui permettaient d’enfermer, dans des récits particulièrement intéressants, deux aspects ou deux moments de la vie héroïque. Toutefois, ce serait une illusion de croire que ces deux poèmes, lorsqu’ils parurent au jour, étaient tout, tandis que le reste n’était rien ; nous devons admettre, au contraire, qu’entre tant d’œuvres disparues à jamais, et oubliées même peu après leur naissance, il y en eut de remarquables. L’Iliade et l’Odyssée sont les témoins de deux ou trois siècles de poésie, et il importe, pour les bien apprécier, de les replacer par la pensée au milieu de cette floraison épique, dont elles ont été détachées par l’effet du temps.

C’est même justement parce qu’elles sont nées d’un mouvement d’idées large et profond que leur rôle, dans l’histoire littéraire de la Grèce, a été immense. Ce sont les premières œuvres qui aient manifesté avec un éclat remarquable les grands traits caractéristiques du génie grec ; et, en les manifestant, elles les ont affermis et précisés, nous devons ici les considérer surtout à ce point de vue, et nous attacher, pour ainsi dire, à découvrir en elles l’origine de la littérature hellénique.

A. — L’Iliade[1]

2. Priorité de l’Iliade. — Le sujet. — Analyse du poème. — Des deux poèmes en question, l’Iliade est certainement le plus ancien. Il l’est par les idées, par les mœurs, par la langue, et il a été même imité en plusieurs de ses parties dans l’Odyssée.

  1. Éditions :

    Heyne, Homeri carmina, cum versione latina et annotatione, 9 vol. in-8o, Leipzig, 1802-1822 ; G. Dindorf, Homeri carmina, avec trad. lat., Bibl. Didot, Paris, 1837 ; A. Pierron, l’Iliade d’Homère, 2 vol., Paris, Hachette, 1869 ; W. Christ, Iliadis carmina, Leipzig, 1884, texte sans notes, prolégomènes importants ; Ameis et