Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/118

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que ceux du soir. Évidemment, on se souviendra plus aisément et plus fréquemment des derniers rêves interrompus par le réveil, que des premiers tableaux de cette longue série d’illusions successivement perçues du soir au matin.

Fidèle aux principes qu’il a posés d’ailleurs dès le début de son mémoire, en déclarant que toutes les facultés actives de l’entendement demeuraient suspendues pendant le sommeil, Moreau (de la Sarthe) pense que « la succession, la combinaison des idées, en rêve, doit toujours présenter de l’incohérence et du désordre, et qu’il nous est impossible au milieu de ces mouvements tumultueux et involontaires de l’esprit, de prolonger, de retenir les impressions agréables, ou de chasser les fantômes effrayants et les images terribles. »

C’est, comme on le voit, l’opinion diamétralement opposée à celle que j’essaie de faire prévaloir.

« Quant aux rapports de temps et d’espace, ils ne sont pas conservés dans les songes », poursuit plus loin Moreau (de la Sarthe). Il pourrait ajouter que rien n’est plus naturel. À l’état de veille, nous nous faisons une idée du temps d’après la quantité de choses que nous pouvons exécuter dans un temps donné. En songe, nous croyons voir et exécuter réellement tout ce que notre mémoire a extrait successivement de ses