Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/181

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indécise et comme entourée d’ombre, parce que c’était le soir, à la tombée du jour, qu’elle était entrée dans ma mémoire, de telle sorte que le rappel de cette image ne pouvait acquérir en rêve plus de netteté que l’impression originaire n’en avait eue. J’ai parlé aussi d’une jeune fille dont je rêvais en des conditions analogues, ne l’ayant jamais vue que de loin [1].

Des faits du même genre se produiront souvent en songe, soit qu’il s’agisse de souvenirs dus au sens de la vue, lesquels manqueront parfois de netteté pour avoir été originairement recueillis dans de mauvaises conditions de lumière, comme celui dont il vient d’être question, ou bien à de trop grandes distances, ou bien encore avec trop de rapidité ; soit que le vague et l’imperfection du rêve se rapportent aux impressions d’un autre sens.

Une dame m’a raconté qu’elle fit un rêve où elle se croyait assise devant son piano, ayant à côté d’elle un de ses frères, tué quelques années auparavant à la guerre d’Italie, lequel lui apparaissait revêtu de son uniforme d’officier, sans que d’ailleurs elle s’en étonnât. Elle jouait une marche militaire, mais quelque pression qu’elle exerçât sur la pédale, le piano ne rendait que des sons sourds, métalliques, presque éteints. S’étant

  1. Voir plus haut, page 23 et suiv.