Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/198

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est impossible ? Le mouvement de l’esprit lui-même, voilà ce qui nous intéresse, et non pas le mécanisme fibro-cérébral dont il peut être accompagné [1].

Quel(le) que soit, d’ailleurs, la manière dont le cerveau fonctionne, soit qu’il obéisse entièrement aux impulsions que l’association des idées lui imprime durant nos songes, soit qu’il transmette à l’âme de temps en temps quelques avertissements des organes, la part de l’esprit comme initiative sera toujours, suivant moi, de beaucoup la plus grande, du moins chez l’homme en bon état de santé. Il faudra seulement remarquer que son esprit passera successivement par des alternatives de passivité et d’activité, dont l’observation a été pour moi le premier point de départ des expériences qui m’ont conduit au résultat de guider à volonté la marche de mes rêves. Tantôt il laissera les idées se succéder au gré des liens capricieux

  1. La preuve que l’initiative des tableaux du rêve appartient souvent à l’esprit résultera de plusieurs observations consignées dans la troisième partie de ce volume. Elle réside d’ailleurs dans ce fait qu’il suffit très-souvent de désirer ou de craindre, en rêve, qu’une image apparaisse ou qu’un fait s’accomplisse pour qu’à l’instant ce désir ou cette crainte soient réalisés. — D’autres fois, sans qu’il y ait précisément crainte ni désir, il y a simplement prévision, c’est-à-dire que nous devinons ce qui va s’offrir à nos yeux, et cela précisément parce que la pensée de l’objet précède, dans ce cas, le phénomène de sa représentation imaginaire aux yeux de notre esprit.