Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/199

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qui les unissent, et que nous nommons l’association : il en résultera ces songes éminemment décousus et disparates où les abstractions et les superpositions les plus monstrueuses se mêleront à des éclairs de vraisemblance et de raison, état qui constituera pour lui le véritable repos réparateur. Tantôt, séduit ou intrigué par une des idées qui se succèdent et qui le frappe au passage, il la retient, s’y attache, en suit les développements et prend alors la direction du rêve sans s’en apercevoir.

Un exemple éclaircira cette distinction :

Je rêve d’abord, je suppose, que je voyage en chemin de fer ; les sites que je traverse, les visages qui m’entourent, mille incidents puérils qui s’accomplissent ne captivent aucunement mon attention. Ce voyage en wagon a réveillé toutefois le souvenir d’une ville que j’ai visitée. Je m’y reporte, et me voilà sur un pont qui se montre couvert d’une foule agitée, par suite de quelque autre souvenir spontanément évoqué. Mais que peut regarder cette foule agglomérée sur l’un des parapets ? Un homme se serait-il jeté dans le fleuve ? des bateliers chercheraient-ils à le sauver ? — Ici, mon esprit, sans s’en douter, va prendre la direction du rêve qui l’occupe ; il va commencer à provoquer lui-même la succession des tableaux qui se dérouleront devant lui ; laissant bien encore quelque