Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/209

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lois. Les sentiments du sommeil ressemblent si bien à ceux de la veille que le sens du bien lui-même n’est pas affaibli dans nos rêves. » (Page 180.)

Les passions ne se conduisent pas toujours en rêve comme dans la veille, car elles inspirent souvent au dormeur des désirs bizarres et inqualifiables, qu’il ne comprend pas même à son réveil.

Les sentiments du sommeil ressemblent parfois si peu à ceux de la veille, et le sentiment du bien notamment peut se trouver en rêve perverti de telle sorte qu’on s’imagine accomplir, comme une action la plus simple, des faits qui seraient monstrueux ou insensés en réalité.

C’est ainsi qu’une jeune et charmante femme, accoutumée aux recherches les plus aristocratiques, m’avoua un jour qu’elle avait vu en rêve un gros monsieur de sa connaissance servi sur la table en guise de rôti ; le maître de la maison le découpait le plus tranquillement du monde, et, loin de s’en étonner elle-même, elle n’avait songé qu’à tendre son assiette afin d’y recevoir une tranche de ce mets au moins singulier.

Le phénomène de transition par substitution d’images [1], auquel sont dus les rêves de ce genre, n’est point le seul du reste à produire des effets analogues. Nous verrons bientôt que l’exaltation

  1. Voir plus haut, p. 178, et aux Observ. pratiques..