Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/210

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de la sensibilité morale ou physique, concentrée pendant le sommeil sur quelque idée particulière ou sur quelque portion de notre organisme, arrive assez fréquemment, par la rupture de tout équilibre moral, à nous inspirer de tels désirs et à nous faire commettre en songe de tels actes, que celui qui agirait de même dans la vie réelle passerait à bon droit pour un maniaque ou pour un insensé.

« Comme la fiction peut accroître la vivacité de nos sensations, continue M. Lemoine, comme elle fait du bruit le plus léger l’éclat du tonnerre, le rêve embellit ou enlaidit tout ce qu’il crée. Ce n’est pas dans une veille calme et froide où les choses se présentent à lui telles qu’elles sont, que l’artiste peut voguer avec amour sur l’océan de la beauté ; c’est lorsque l’inspiration, l’enthousiasme et presque le délire s’emparent de lui, lorsque la sensibilité se monte au ton le plus élevé, que l’amour et le sentiment du beau enfantent dans son imagination le modèle ou le type idéal qu’il a longtemps poursuivi. Cette surexcitation de toutes les facultés sensibles et particulièrement du sens esthétique, elle nous ravit à son heure ; il faut l’attendre sans la devancer. Mais s’il est un temps et des conditions qui lui soient plus favorables et qui l’appellent, c’est le temps du sommeil. De là ces visions rares et sublimes que les