Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/21

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mes rêves. Ce journal, qui forme vingt-deux cahiers remplis de figures coloriées, représente une série de mille neuf cent quarante-six nuits, c’est-à-dire de plus de cinq années. Avant d’entrer dans le détail des relations qu’il renferme et des éclaircissements qu’on en peut tirer, prenons d’abord quelques notes générales sur l’ensemble même de ces documents.

Durant les six premières semaines, on n’y rencontre guère de narration qui ne soit coupée de nombreuses lacunes. À chaque feuillet on sent des interruptions marquées, soit dans le songe, soit dans le souvenir que j’en ai gardé. Parfois même, une annotation succincte indique simplement que tel ou tel jour je ne me souviens absolument de rien.

Du troisième au cinquième mois, le manque de liaison devient de plus en plus rare, en même temps que l’abondance des récits va toujours croissant. La dernière mention d’un sommeil dont les rêves n’aient point laissé de trace correspond enfin à la cent soixante-dix-neuvième nuit.

Faudrait-il conclure de ce dernier fait que je rêvais dès lors bien davantage, et que cette habitude même de me préoccuper de mes rêves durant la veille avait augmenté sensiblement chez moi les dispositions à rêver ? La faculté de penser s’accroît par l’exercice qu’on en fait ; il n’est donc