Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/211

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songes présentent avec clarté au peintre, au musicien, au poète. De là, la sonate du diable que Tartini cherche en vain pendant la veille, qu’il entend dans un rêve, et qu’il reconstruit par lambeaux dans son souvenir. Mais de là aussi ces figures hideuses, tous ces monstres horribles, toutes les formes de la laideur, tous les caprices de la difformité qui réunissent dans un seul corps tout ce que la nature, dans ses moments d’erreur, n’a tiré qu’à moitié du chaos (p. 182). »

Je cite avec grand plaisir ce passage éloquent. L’auteur y reconnaît comme moi l’incomparable intensité des émotions qu’on ressent en rêve, justifiant ainsi le charme et l’intérêt qu’on peut attacher à l’idée de maîtriser ses rêves et les diriger.

De l’intelligence. — M. Lemoine émet, à propos de l’intelligence, une opinion que je partage encore, c’est que si nous portons souvent des jugements faux, en rêve, cela ne prouve nullement que nous soyons alors sous l’influence d’une altération momentanée des facultés de notre entendement. Si nos jugements sont faux, c’est parce que les éléments de nos comparaisons et de nos raisonnements sont le plus souvent disparates et incohérents. Ainsi ferait un mathématicien qui ne se tromperait pas dans ses calculs, mais qui aurait basé ses opérations, dès le principe, sur des chiffres erronés.