Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/212

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Ceci nous conduit tout naturellement a signaler au passage une autre opinion bien capable de donner à réfléchir. C’est que la folie, la fièvre, l’ivresse réduisent l’âme, sous ce point de vue, aux mêmes conditions qui lui sont faites par le sommeil. « S’il y a une différence aux yeux des médecins, il ne saurait y en avoir aux yeux du psychologue, parce qu’il n’y a de différence que dans l’état des organes ; il n’y en a vraiment aucune pour l’âme elle-même.

« La démence, la folie sont donc improprement appelées des maladies mentales. L’âme n’est point malade, mais seulement l’organe. L’aveugle n’est privé du spectacle de la lumière que par le vice ou la maladie de l’organe visuel. La puissance de voir est d’ailleurs aussi intacte chez lui que chez celui qui voit en effet. Ainsi, la raison du fou, de l’homme ivre et du dormeur est seulement dévoyée par les illusions ou les hallucinations dont il est le jouet. »

Le docteur Bayle a publié l’observation remarquable d’une hallucinée qui se croyait entourée de démons. Elle répondait à ceux qui essayaient de lui démontrer son erreur : « Comment connaît-on les objets ? Parce qu’on les voit et qu’on les touche. Or, je vois, j’entends et je touche les démons qui sont hors de moi, et je sens de la manière la plus distincte ceux qui sont dans mon intérieur.