Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/221

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état par la pensée, il serait sans doute impossible de le rencontrer en réalité.

Nos rêves sont donc perpétuellement et alternativement composés de ces successions d’idées engendrées par le travail spontané de l’esprit, et de ces mille notions incidentes provoquées par les influences du monde matériel. La façon dont ces deux principes se combinent et réagissent tour à tour l’un sur l’autre renferme surtout le secret des rêves les plus décousus et les plus incohérents.

Quant au rôle que joue dans nos rêves l’imagination proprement dite, si nous y portons soigneusement l’analyse, nous reconnaîtrons qu’il ne consiste pas seulement à former des composés nouveaux avec les éléments acquis, en enfantant parfois de ces visions enchanteresses qui semblent résumer toutes nos aspirations vers l’idéal, ou de ces monstrueux assemblages, hideuse réunion de tout ce qui nous inspire le plus d’aversion. À part ces conceptions qui ont toujours quelque chose d’exceptionnel, on constatera de sa part une fréquente tendance à devancer le travail spontané de l’association des idées, en lui imprimant elle-même cette direction que j’ai signalée plus haut lorsque j’ai parlé de l’activité et de la passivité de l’esprit durant le sommeil. L’imagination demeure-t-elle passive, il y a toujours incohérence