Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/222

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et décousu à l’égard des sujets qui occupent l’esprit, parce qu’alors l’enchaînement des idées s’opère au moyen d’associations tout à fait étrangères à un ordre logique de succession réelle. L’uniforme d’un soldat me fait penser à un officier de ma connaissance ; cet officier à sa sœur ; sa sœur à une autre dame qui lui ressemble ; cette dame à un théâtre où je l’ai rencontrée, puis à la pièce que l’on y jouait ; la scène se passait en Orient ; me voilà devant une mosquée, etc. L’imagination tient-elle les rênes, le songe offre, au contraire, une action toujours suivie (qu’elle soit d’ailleurs raisonnable ou non).

Résumons, avant de passer à un autre sujet, ce qu’il nous semble résulter des diverses remarques que nous avons pu faire jusqu’ici, touchant la part qui revient à l’imagination dans le tissu de nos rêves. Cette part sera naturellement plus ou moins grande, selon la nature des esprits et selon leurs dispositions momentanées ; mais on peut dire, en principe, qu’elle ne sera jamais absolue, puisqu’une notable portion de nos rêves procédera de la seule association spontanée des idées, c’est-à-dire de la mémoire exclusivement.

La puissance de l’imagination n’ira jamais, bien entendu, jusqu’à fournir des images ni des harmonies absolument nouvelles, puisqu’elle ne saurait rien produire qui ne soit formé des matériaux