Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

empruntés par elle à la mémoire, mais, trouvant sous l’influence du sommeil une énorme facilité pour sonder tous les casiers de la mémoire, profitant des combinaisons que le hasard amène, comme l’artiste profite parfois d’un heureux désordre qu’il n’avait pas cherché, opérant des abstractions et des rapprochements dont l’idée ne viendrait jamais à l’homme éveillé, l’imagination, affranchie d’ailleurs du joug de la raison par l’anéantissement momentané du monde réel, peut enfanter des composés d’autant plus nouveaux dans leur ensemble que nous ne saurions plus ressaisir, à l’état de veille, les lambeaux de souvenirs dont ils sont formés.

Ajoutons enfin qu’elle nous prouve constamment à quel point l’aspiration vers le beau est innée dans l’esprit de l’homme. Une image se présente-t-elle à l’état d’ébauche confuse dans le tableau mouvant des souvenirs, si l’imagination l’achève, ce sera pour la poétiser et l’embellir. Elle obéira, en cela, aux mêmes lois qu’elle observe durant la veille, alors qu’un jour indécis, un voile, une lumière discrète lui font prêter à quelque visage entrevu dans la pénombre un charme purement imaginaire.

DE L’ATTENTION. — Ici, et contre ses habitudes, M. Lemoine se décide à embrasser nettement une opinion tranchée. Cette opinion, je dois la repousser