Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/24

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Nos occupations et nos préoccupations habituelles exercent une grande influence sur la nature de nos rêves, qui sont généralement comme un reflet de notre existence réelle. C’est là une vérité qui touche à la banalité de fort près, et que je croirais inutile de consigner si ce n’était justement à sa conséquence immédiate que j’ai dû cette facilité de m’observer moi-même, origine des observations que je publie aujourd’hui. L’habitude de penser durant le jour à mes rêves, de les analyser et de les décrire eut pour résultat de faire entrer ces éléments de ma vie intellectuelle ordinaire dans l’ensemble des réminiscences qui pouvaient se présenter à mon esprit durant le sommeil. Il m’arriva donc une nuit de rêver que j’écrivais mes songes, et que j’en relatais de très-singuliers. Mon regret fut extrême au réveil de n’avoir pas eu conscience en dormant de cette situation exceptionnelle. Quelle belle occasion perdue ! me disais-je ; que de détails intéressants j’aurais pu recueillir ! Cette idée me poursuivit plusieurs jours et, par cela même qu’elle assiégeait mon esprit, le même songe ne tarda guère à se reproduire, avec cette modification toutefois que, les idées accessoires ralliant désormais l’idée principale, j’eus parfaitement le sentiment que je rêvais, et je pus fixer mon attention sur les particularités qui m’intéressaient davantage, de