Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/260

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Je demandai la permission de garder mon secret jusqu’à ce que j’eusse renouvelé l’expérience. Cette fois, je murmurai près de lui des termes de manège et une conversation presque identique s’établit entre nous deux dès qu’il fut réveillé. Il n’avait d’abord présente à l’esprit la notion d’aucun rêve, puis il se rappelait, sur mes indications, celui que mes paroles avait provoqué ; et, mis dans cette voie de réminiscences, il retrouvait en outre le souvenir de plusieurs visions antérieures, dont mon intervention avait troublé le cours.

Peu de temps après cette seconde expérience, j’en fis encore une troisième qui n’eut pas moins de succès. Au lieu d’employer la parole comme moyen d’influencer le rêve de mon compagnon de route, je m’étais servi de petits grelots légèrement agités, dont le bruit avait suscité l’idée que nous poursuivions notre voyage dans une malle-poste qui parcourait les grands chemins [1].

Ces faits et une infinité d’autres analogues ne m’ont guère laissé de doutes sur l’opinion que le premier sommeil des autres hommes ne devait aucunement différer du mien. Poursuivons en exposant ce que l’étude de mon propre sommeil

  1. Notons en passant, comme un fait physiologique d’un autre ordre, que depuis cette triple expérience mon compagnon de voyage, qui jamais auparavant ne se souvenait de ses songes, s’en rappela plusieurs spontanément.