Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/261

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a pu me permettre de constater, touchant la transition même entre les pensées de l’homme qui ne dort pas encore, et celles de l’homme qui dort tout à fait.

Un préjugé très généralement répandu veut qu’il suffise en s’endormant de rouler dans sa tête quelque pensée pour qu’il en résulte une influence directe sur les songes de la nuit. Le plus souvent, la constatation d’un pareil fait sera tout simplement la preuve qu’on aura conservé le souvenir d’un rêve du premier sommeil, car l’un des caractères du songe est l’extrême mobilité des idées, et l’enchaînement spontané de celles qui occupent l’esprit au moment où l’on s’endort nous mène très rapidement bien loin du point de départ.

J’extrais de mon journal quelques fragments écrits à diverses époques, sous la première impression des faits observés : « Je viens de m’arracher au premier sommeil dans un moment d’éclair où, me rappelant les observations que je veux faire, j’ai cru utile de consigner ce que je viens de ressentir. D’abord c’était comme une sorte d’engourdissement, durant lequel je pensais de la manière la plus confuse aux personnes qui ont dîné aujourd’hui avec nous, et à la jolie figure de Mme de S... Son visage ne m’apparaissait pas nettement d’abord ; ensuite je l’ai mieux vu, et puis, sans que j’imagine comment