Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/280

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guider un rêve aussi lucide du côté des tourelles et du donjon, parce qu’en cherchant à me souvenir exactement des principaux détails de cette architecture, je pourrai peut-être, à mon réveil, reconnaître l’origine de ces souvenirs. Je prends donc le sentier de gauche, je mets pied à terre à l’entrée d’un pont-levis pittoresque, et, durant quelques instants que je dors encore, j’examine très attentivement une infinité de détails grands et petits : voûtes ogivales, pierres sculptées, ferrures à demi rongées, fissures et altérations de la muraille, admirant avec quelle précision minutieuse tout cela se peint aux yeux de mon esprit. Bientôt pourtant, et tandis que je considère la serrure gigantesque d’une vieille porte délabrée, les objets perdent tout à coup leur couleur et la netteté de leurs contours, comme les figures du diorama8 quand le foyer s’éloigne. Je sens que je me réveille. J’ouvre les yeux au monde réel, la clarté de ma veilleuse est la seule qui m’éclaire. Il est trois heures du matin. »

Des actes manifestes de volonté et d’attention me paraissent réunis dans ce rêve. Je crois pouvoir affirmer que j’eus mon libre arbitre autant que je l’aurais eu dans la vie réelle, pour choisir véritablement entre les deux chemins qui se présentaient devant moi. Je pris celui de gauche, au bout duquel se montrait un château imaginaire.