Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/281

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L’association des idées m’a fourni, dans cette voie choisie par moi, des images aussi précises et aussi variées que celles que m’eût fournies la réalité. J’ai laissé à ma mémoire le soin de faire surgir ces mêmes incidents de la route dont l’imprévu dans la vie de relation eût appartenu au hasard ; mais les images ont surgi dans l’ordre que ma volonté leur avait assigné, et j’ai guidé aussi réellement mon rêve que le dormeur éveillé des Mille et une Nuits.

Nul doute pour moi que si j’eusse préféré prendre le chemin de droite, celui qui s’enfonçait dans les bois, l’association des idées et des images n’eût aussi sûrement tiré des magasins de ma mémoire quantité de détails conformes à cet autre genre de tableaux, vers lesquels j’aurais dirigé le mouvement de mes pensées. Au lieu de ponts, de tourelles et de pans de murs séculaires, j’aurais vu des arbres de toute sorte, des allées en perspective, peut-être quelques scènes de chasse ou de brigands.

Assurément ma volonté, en tant que cause directe, n’eût été pour rien dans ces détails de mise en scène, dont ma mémoire a fait les frais ; mais si nous voulions pousser à l’extrême l’esprit de comparaison et d’analyse, ne pourrions-nous trouver encore, entre les lois qui régissent nos rêves lucides et celles auxquelles la vie réelle est soumise, l’un de ces caractères généraux de