Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/342

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connue sous le nom de Sonate du diable. L’illustre savant J.-B. Biot me rapporta qu’il avait plusieurs fois travaillé utilement en rêvant ; Cardan disait qu’il avait enfanté en songe un de ses ouvrages ; Condillac atteste le même fait ; Voltaire crut un jour avoir rêvé le premier chant de la Henriade autrement qu’il ne l’avait composé ; mais il est à remarquer que si l’on rencontre des savants, des mathématiciens, des musiciens ou des artistes ayant su tirer parti des inspirations de leurs rêves, on voit au contraire les littérateurs et les poètes qui se sont figuré avoir composé en dormant des choses admirables avouer avec regret qu’ils n’ont pu s’en souvenir à leur réveil. La Sonate de Tartini nous est restée ; nul fragment de cette variante de la Henriade rêvée par Voltaire ne fut reconstruit.

Que l’on retienne le souvenir d’un calcul, d’une conception artistique, d’un motif musical, compositions relativement homogènes, plus aisément qu’on ne garde celui d’une pièce de vers, mosaïque d’idées et de mots qui demande à être saisie dans tous ses détails et non pas seulement dans son ensemble, il n’y a là qu’un premier fait s’expliquant d’ailleurs très naturellement ; mais si les écrivains et les poètes parvenaient, par un effort de mémoire, à reconstruire littéralement ces inspirations de leur sommeil dont ils étaient si enthousiasmés,