Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/345

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qui exigent tout à la fois le libre usage d’une saine critique, d’une inspiration contenue et d’un jugement réfléchi, j’estime qu’il en sera tout différemment.

L’exaltation de certains sentiments, qui est le propre de ces sortes de rêves, ne se produit point sans en atténuer considérablement certains autres, et sans rompre ainsi le juste équilibre d’appréciations qui constitue le goût.

Tous ceux qui écrivent ou qui ont écrit savent qu’il existe deux éléments bien distincts dans le travail littéraire : la conception du sujet, qui peut être rapide ou même instantanée ; l’expression qui, si facile qu’elle soit, exige toujours cependant un peu d’attention et du travail. Or, sous l’influence d’un rêve enthousiaste, la beauté du sujet qui nous occupe consiste le plus souvent dans l’extrême sensibilité avec laquelle nous en sommes pénétrés ; quant à l’expression, elle est rarement heureuse. De même, certaines plaisanteries, certains jeux de mots, qui nous paraissaient charmants en songe, se réduisent, la plupart du temps, à des platitudes si l’on s’en souvient au réveil.

Constater par soi-même la vérité de cette assertion ne sera pas difficile. En pénétrer les causes demeurera nécessairement plus problématique.