Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/347

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de chacun sont finement gardés ? Je ne le pense pas, car ici le phénomène physiologique est essentiellement différent. Ce n’est plus sur un concert d’idées que l’esprit s’exerce. La surexcitation morale, croissant avec l’ardeur de la controverse, centralise toute la puissance Imaginative sur une idée simple et unique (ce qu’un contradicteur peut nous répondre et ce que nous pouvons lui répondre à notre tour). C’est la loupe promenant successivement son foyer lumineux d’un point à un autre, phénomène que nous avons exposé ailleurs et qui mérite assurément quelque attention.

Jusqu’où pourraient aller sur cette route ascendante et la vivacité de l’esprit et la lucidité de la mémoire ? Ce serait aussi difficile à déterminer, je crois, que la limite de l’effort musculaire chez les sujets en proie à certaines crises nerveuses. Mais comme attestation de ce redoublement d’énergie dont la mémoire et l’imagination sont capables dans certains songes, voyons encore deux témoignages intéressants. L’un m’est fourni par un joueur d’échecs, ce jeu qui est une science ; l’autre me fut communiqué par un mathématicien illustre, lue je ne saurais nommer dans un livre où je garde moi-même l’anonymat. Je dirai toutefois qu’il en avait fait part lui-même à plusieurs de ses collègues de l’Institut, à l’époque où fut mis au