Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/354

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chose étrange, me paraissait comme la reproduction de mon propre visage réfléchi par quelque miroir fantastique. « Qui donc es-tu, lui répétai-je, toi que je brûle de connaître, toi qui lis, je le sens, jusqu’au fond de mon âme ? » Un moment il garda le silence ; puis il me répondit : « toi-même ! » et sans bien m’expliquer la portée de sa réponse, j’eus tout d’abord la conviction qu’il disait vrai, qu’il était la partie désaveuglée de cette dualité que je ne pouvais comprendre ; mais dont le secret était précisément enfermé dans la parabole de l’enfant moitié blanc et moitié noir. « Si tu es moi-même, repartis-je, pourquoi donc me fais-tu peur, et pourquoi me regarder de cette façon railleuse ? » Il ne me répondit plus rien, malgré tout le désir que j’avais de l’entendre parler encore, et bien que je pensasse les mots âme divine, il ne les prononça pas comme il avait prononcé les mots toi-même ; il continuait seulement à me fasciner de son regard pénétrant, quand je m’aperçus que je rêvais en sentant que je commençais à me réveiller. « Durant cette courte période qui sépare le parfait sommeil du réveil complet, alors qu’on est partagé entre deux mondes, je fis de très grands efforts pour me rappeler les principaux tronçons de ce rêve qui m’avait si fort émotionné, et dans lequel j’étais persuadé que de grandes révélations