Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/364

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le pense. Je veux parler de la singulière corrélation qui s’établit parfois entre certaines dispositions du corps et certaines hallucinations de l’esprit, dont la solidarité nous échappe. Je remarque, dans mon journal, qu’à une époque où je fus sujet à des maux de tête capricieux et intermittents, leur retour est souvent précédé, à courte distance, par des rêves où je crois gravir des montagnes et franchir des précipices avec une étonnante facilité. Il est, en médecine, des médicaments connus pour occasionner des visions presque toujours les mêmes. La morphine, par exemple, fait rêver d’ordinaire à ceux qui en ont pris qu’ils sont entourés de toute sorte d’animaux.

Je puis, enfin, citer une très curieuse communication qui m’a été faite tout récemment par un de nos plus célèbres orientalistes, savant professeur et philologue de premier ordre. Les aliments préparés à la graisse ne sont pas de son goût. Il les tient pour malsains, et défend expressément chez lui que la moindre infraction soit faite au régime du beurre absolu. Sa cuisinière toutefois ne partageait pas ses idées. Elle était surtout moins exclusive, et pensait que, de temps à autre, une petite addition de la substance prohibée se pourrait introduire utilement dans quelque combinaison heureuse sans que Monsieur s’en aperçût. Ici était sa grande erreur. Monsieur ne