Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/385

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un parfumeur bien assorti un flacon d’une essence qu’il me vendit comme étant sinon l’une des plus agréables, du moins l’une de celles dont le parfum, sui generis, était le mieux déterminé. J’eus bien soin de ne pas déboucher ce flacon avant d’être arrivé dans le lieu où je devais séjourner quelques semaines ; mais, tout le temps de ce séjour, je fis constamment usage de son contenu dont mon mouchoir de poche ne cessa d’être imprégné, et cela malgré les réclamations et les plaisanteries que cette recherche ne manquait pas de susciter autour de moi. Le jour du départ seulement, le flacon fut hermétiquement refermé ; il resta plusieurs mois ensuite au fond d’une armoire, et enfin je le remis à un domestique qui entrait habituellement de très bonne heure dans ma chambre, en lui recommandant de répandre sur mon oreiller quelques gouttes du liquide odoriférant, un matin qu’il me verrait bien endormi. Je le laissais libre d’ailleurs de prendre son temps tout à son aise, de peur que l’attente seule de cette expérience ne pût influencer mes rêves en préoccupant mon esprit. Huit ou dix jours se passent ; mes rêves, écrits chaque matin, ne trahissent aucune réminiscence particulière du Vivarais. (Mon flacon, il est vrai, n’a pas encore été touché). Une nuit arrive enfin où je me crois retourné dans le pays que j’avais habité l’année