Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/386

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précédente. Des montagnes parsemées de grands châtaigniers se dressaient devant moi ; une roche de basalte m’apparaissait si nettement découpée que j’aurais pu la dessiner dans ses moindres détails. J’imaginai rencontrer le facteur de la poste qui m’apportait une lettre de mon père. Cette lettre entraîna mon esprit dans une autre direction, en évoquant d’autres souvenirs et d’autres images, et j’étais bien loin déjà des environs d’Aubenas quand je revins au monde réel. Que mes pensées toutefois s’y fussent arrêtées plus ou moins longtemps, peu importait ; le point essentiel était qu’elles y eussent été ramenées. Or je pus reconnaître, en m’éveillant, à l’odeur qui s’en exhalait encore, que mon oreiller avait été, ce matin-là même, humecté durant mon sommeil avec le parfum approprié à l’expérience qui venait de réussir.

Impressionné par une sensation désormais liée dans ma mémoire au souvenir de certaines autres impressions simultanément perçues à l’origine, mon odorat n’avait pu reconnaître cette sensation sans évoquer en même temps les idées solidaires. Ces idées solidaires, c’était le rêve que je venais de faire, et la même expérience renouvelée plusieurs fois, à plusieurs jours et à plusieurs mois d’intervalle, amène constamment le même résultat.

Ce premier succès m’inspirait, on le comprend,