Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/459

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rêve s’offrent très clairement à mon esprit. Je fais même ce raisonnement que les images qui m’apparaissent, dans ce songe, ne me sont pas plus imposées que les images qui s’offrent réellement à mes yeux quand je suis éveillé ; que je garde aussi bien mon libre arbitre de tourner à droite ou à gauche, de fixer mes yeux dans une direction ou dans une autre, etc., et enfin d’amener certaines scènes ou de provoquer certaines visions, suivant que je voudrai ou ne voudrai pas agir mentalement en conséquence. Exemple : si je veux briser une branche de ces arbres que je crois voir, elle m’apparaîtra brisée. Si je ne le veux pas, elle gardera aux yeux de mon esprit son apparence intacte. En quoi le rêve diffère-t-il ici, pour moi, de la réalité ? Je me souviens, je raisonne, je veux, je ne veux pas ; je ne suis pas même le jouet de l’illusion qui me captive. Si les actes de ma volonté ne sont pas suivis d’efforts réels, c’est uniquement parce que mes organes au lieu d’obéir réellement à ma pensée n’en font que le simulacre, mais le phénomène psychologique est le même. Ainsi serait une machine à tisser qu’on ferait fonctionner dans le vide. Je songe aussi que, dans cet état de rêve lucide où je me sens, ce serait évidemment la pensée qui appellerait le signe, l’image, et ferait exécuter le mouvement fibraire correspondant, s’il est indispensable ; et non pas le