Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/460

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signe, l’image, le mouvement fibraire qui imposeraient leur idée solidaire, ainsi que M. Maury le suppose. La fantaisie avait ici, comme la réalité, son libre arbitre, et l’initiative demeurait à ma volonté. Je raisonnais ainsi, tout en suivant l’allée qui devait me conduire au but de ma promenade imaginaire. J’arrivai au village des petits jardins ; mais il me fut impossible d’y retrouver mon premier chemin. Égaré dans un labyrinthe de nouveaux sentiers, je cherchais à découvrir le pensionnat déjà visité, doublement curieux de voir s’il m’apparaîtrait encore malgré la fausse route que je venais de faire dans mes réminiscences. Mais je sentis le désengourdissement commencer, tandis que les images se décoloraient et devenaient confuses. En vain je m’efforçai de retenir une seconde fois le sommeil ; je ne parvins qu’à le prolonger de quelques secondes. Une première sensation réelle se réveilla dans ma main droite ; elle s’étendit rapidement à toute ma personne. J’ouvris les yeux, je pris une plume, et j’écrivis immédiatement ceci [1] :

  1. À cette observation, textuellement tirée de mes notes, j’ajouterai qu’il m’est arrivé deux fois, depuis, de retrouver partiellement le même rêve et d’essayer de parcourir de nouveau les mêmes sites imaginaires. Je revoyais bien le bal champêtre, mais je me perdais toujours sur la route du pensionnat. Je fis alors, à plusieurs reprises, cette expérience précédemment indiquée de fermer les yeux (en rêve), et de penser fortement à ce qu’on voudrait revoir. Il me fut possible ainsi de rappeler deux fois la vision fugitive ; mais soit qu’elle fût imparfaitement gravée dans ma mémoire, soit toute autre cause, à peine l’eus-je entrevue que d’autres tableaux lui succédèrent avec une rapidité presque instantanée, et ne me permirent point de m’y arrêter.