Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/478

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Je dirigeais de temps en temps mes regards vers moi-même, c’est-à-dire vers la place où mon corps eût été si j’en avais eu un, et je m’assurais bien que je n’en avais plus. L’idée me vint de visiter la Lune, et je m’y trouvai tout aussitôt. Je vis alors un sol volcanique, des cratères éteints et d’autres particularités, reproduction évidente de lectures que j’ai faites ou de gravures que j’ai vues, singulièrement amplifiées et vivifiées toutefois par mon imagination. Je sentais bien que je rêvais, mais je n’étais point convaincu que ce rêve fût absolument faux. L’admirable précision de tout ce que je contemplais m’inspirait la pensée que peut-être mon âme avait momentanément quitté sa prison terrestre, ce qui ne serait pas plus merveilleux que tant d’autres mystères de la création. Quelques opinions d’anciens auteurs sur ce sujet me revinrent en mémoire, et ensuite ce passage de Cicéron :

Si quis in cœlum ascendisset, ibique solem, et lunam, et sidera prope vidisset, hoc tamen sibi injucundum fore, ni aliquem qui narraret habuisset.

« Je souhaitai immédiatement de revenir sur la terre ; je me retrouvai dans ma chambre. J’eus un moment l’étrange illusion de regarder mon corps endormi, avant d’en reprendre possession. Bientôt, je me crus levé, la plume à la main, notant minutieusement