Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/479

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tout ce que j’avais vu. Je m’éveillai, enfin, et mille détails tout à l’heure très nets s’effacèrent presque instantanément de ma mémoire. »

* * * Nous avons vu que plusieurs causes physiologiques particulières au sommeil contribuaient à augmenter, dans cet état, la sensibilité physique et morale. Ajoutons une remarque qui s’applique également à la vie réelle. Les grands spectacles de la nature provoquent des enthousiasmes que la seule force imaginative ne produirait pas. Il est tel drame qui arrache des larmes grâce aux illusions de la mise en scène, et qui nous laisserait presque froids sans cet appareil. De même, les émotions que certaines idées nous inspirent, en rêve, sont singulièrement développées par la représentation de toutes les scènes et de tous les tableaux qui en suivent le mouvement. Une progression croissante d’exaltation réciproque s’établit alors, en quelque sorte, de l’imagination sur les images et des images sur l’imagination. Cette exaltation nous conduit souvent à des dispositions d’esprit qu’on appellerait folie chez un homme éveillé. Pourrions-nous affirmer que le phénomène psychologique n’est pas identique, ou qu’il ne présente pas du moins assez d’analogie pour être soigneusement étudié ?

* * * Un artiste de mes amis qui s’intéressait à mes recherches, et qui suivait mes expériences en les